C’est sous le soleil de Santa Monica, au bord de la piscine de sa villa, que l’on rencontre Maria Christina Väätonen, auteure à succès. Mais un appel étrange trahit soudain ce paisible décor ensoleillé. C’est sa maman, avec qui elle n’entretient plus aucun contact depuis de nombreuses années, qui quémande de revenir sur-le-champ à Lapérouse, son village natal, pour une mystérieuse raison. Déboussolée, alertée, mais curieuse, Maria Christina se met en route pour retrouver sa maison d’enfance, dans le grand Nord américain, qu’elle a quitté voilà près de 20 ans. Retourner dans ce village gris et froid où un événement traumatisant l’a, à jamais, scindée du reste de la famille, elle n’en avait aucunement l’intention, et pourtant…
Sur la route, les souvenirs de Maria Christina ressurgissent. Son parcours qui l’a menée vers son rêve ultime, celui d’écrire. Ecrire pour exorciser une enfance séquestrée, une mère disjonctée, un père aimant mais trop effacé, et une soeur jalouse. On découvre son changement de vie une fois qu’elle a eu le courage de tout quitter. Ses premiers pas à Santa Monica, ses études, sa rencontre avec des personnages atypiques : Joanne sa coloc’ et amie de toujours ; Rafael Claramunt son mentor/amant, auteur impotent, jaloux et sournois ; Judy Garland ou Oz de son vrai nom, le chauffeur de Claramunt qui aime les orchidées.
On assiste à la métamorphose de Maria Christina, troquant son image de jeune fille introvertie et hantée par les démons familiaux, pour celle d’une femme moderne, rebelle, indépendante, limite féministe. On ne peut que se réjouir de la concrétisation de son rêve, lorsque sort son premier roman La Vilaine Soeur, mêlant sa propre histoire avec une pointe de fiction.
Qu’est-ce qui attend Maria Christina derrière la porte de la maison de son enfance ?
En ouvrant ce roman de Véronique Ovaldé, je suis entrée dans un univers que je ne connaissais pas encore, même si j’en avais déjà entendu longuement parler. Je suis entrée dans un univers folklorique et coloré. C’est simple, je ne me suis pas ennuyée une minute, tellement ce livre nous emmène dans des situations aussi incongrues qu’émouvantes. L’écriture de Véronique Ovaldé est un plaisir à lui seul, en dehors de l’histoire dans laquelle elle nous embarque. D’abord surprenante, elle ne laisse pas beaucoup de répit avec de longues phrases, l’absence de ponctuation et de paragraphes. Alors que j’aime marquer un temps d’arrêt, reprendre mon souffle, j’ai passé un moment hors du temps, rythmé par toutes ces aventures. J’aurais d’ailleurs aimé le lire de façon plus continue, sans toutes ces interruptions. Et puis c’est aussi des personnages fabuleux, aux noms limite surréalistes, qui ont chacun un rôle important dans l’histoire. D’ailleurs aucun n’est survolé, pouvant laisser croire qu’ils sont là « pour le décor ». Avec un personnage central fort, Maria Christina, dont les faiblesses émeuvent et la force de caractère illumine.
C’est aussi un roman sur le passé, où l’adage « On ne choisit pas sa famille » prend tout son sens. Sur le destin et l’espoir aussi. Un conte moderne, dans un esprit décalé, un humour sarcastique et une écriture revigorante. De quoi me donner très envie de poursuivre avec « Ce que je sais de Vera Candida »!!
Extraits :
Les deux filles partageaient la même chambre, le même désir d’échapper à Lapérouse, à l’hostilité ambiante et à l’archaïsme mennonite qui contaminait tout, elles partageaient également le même désarroi face à leur mère tout aussi archaïque que ses ennemis, les mennonites précités. Le reste du monde pour elles ressemblait à un rêve myope : au-delà des frontières de Lapérouse, tout semblait flou, soyeux et indéterminé. (P84)
N’oublions pas que Maria Christina avait été une petite fille qui, pour trouver le sommeil, mettait en scène son propre enterrement et se délectait de la détresse et des remords de ceux qu’elle laisserait derrière elle. Ce genre de petite fille, quand elle devient grande, se transforme en une personne d’une intranquillité encombrante. (P.105)
(…) Maria Christina avait simplement besoin de tomber amoureuse, de se donner corps et âme, elle se sentait dans une telle solitude, et ce depuis son enfance, malgré sa soeur, malgré Joanne, elle voulait s’approcher de Claramunt, rester dans sa présence, tout cela mêlé à une sorte d’élan mystique, elle voulait devenir sa familière, son animal familier, pouvoir se dire qu’elle entretenait une relation particulière avec lui, pouvoir se dire qu’il lui accordait une attention particulière, elle voulait grandir dans son ombre et son influence. (P.121)
Grand merci Phili pour ta patience et ce prêt que j’ai beaucoup apprécié!! Allez lire son analyse où elle épingle quelques clins d’oeil littéraires qui, pour ma part, m’ont carrément passé sous le nez!
Ce que tu dis du style de cette auteure m’intéresse autant qu’il m’effraie quant à ma lecture de Ce que je sais de Vera Candida… J’attendrai ta lecture de ce roman (ou la ferai avec toi, qui sait ;)) pour confirmer ou non cette impression.
Son style est déstabilisant au premier abord mais une fois quelques pages dans son univers, on se laisse envahir par ce joyeux tempo. Connaissant tes goûts, je ne pourrai dire s’il te plairait… Une seule chose, te lancer! Une LC pourquoi pas!!!! Moi, je suis conquise en tout cas!
J’ai Ce que je sais de Vera Candida dans ma PAL, je découvrirai la plume de l’auteur avec ce roman et si j’aime je lirai ce titre que tu as aimé !
il paraît que Ce que je sais de… est son meilleur roman!!
Je n’ai pas accroché mais je garde un fort souvenir de Vera Candida.
Je l’avais commencé, mais au mauvais moment…
Je me laisserais bien tentée par celui-là aussi. J’avais vraiment aimé Véra Candida !
De ce qu’on peut lire, V. Ovaldé est restée dans le même univers exotique et décalé. C’est ce qui fait assurément son charme!
Jamais lu Véronique Ovaldé encore, j’ai « Vera Candida » dan la PAL mais celui-ci m’attire aussi malgré les avis pas très positifs que j’en ai lu. Ta lecture est bien la preuve qu’on peut tous avoir des ais différents et suivre son instinct !
C’est peut-être le fait de ne pas avoir lu son gros succès que j’ai tant apprécié celui-ci? Lance-toi dans ce monde à part 🙂
Les premières critiques sur ce roman ne m’avaient pas tentée du tout (sauf celle d’une blogueuse), même si tu es enthousiaste, je crains les styles sans respiration….
Il faut prendre une bonne bouffée d’oxygène avant d’entamer son texte, je l’avoue 😉 Mais ça vaut l’apnée je t’assure 🙂