Le lendemain du jour où nous avons ramené Franck à la maison – le jeudi précédent le long week-end du Labor Day – je me suis réveillé en ayant oublié qu’il était là. Je savais seulement qu’il y avait du nouveau dans notre vie. (p.64)
C’est lors d’un passage au supermarché, où Adèle et Henry sont allés acheter des fournitures scolaires pour la rentrée prochaine de ce dernier, que Franck Chambers est entré dans leur vie. Blessé et en sang à plusieurs endroits, il leur demande de l’emmener hors de cet endroit. Où? Chez eux! C’est ainsi qu’Adèle et son fils se sont retrouvés à cacher un prisonnier dans leur maison, lors du long week-end du Labor Day, en cette fin d’été caniculaire de 1989.
Voilà le début de ce long week-end à trois, où après avoir laissé de côté une certaine méfiance à l’encontre de ce mystérieux invité, le couple mère-fils apprivoise ce changement de taille. Et c’est peu dire, puisque cette arrivée chamboulera leur quotidien devenu casanier à l’extrême. Comme c’était le cas dans « L’Homme de la montagne« , l’une des nombreuses ressemblances entre ces deux romans de Joyce Maynard, la jolie et encore jeune Adèle s’est coupée de toutes relations extérieures depuis son divorce. On apprendra par la suite les événements qui ont eu raison de sa joie de vivre et de son dynamisme. Sans oublier sa passion débordante pour la danse de salon. Si ce n’est pour jouer son rôle de maman qu’elle réussit à merveille, Adèle n’est plus l’ombre que d’elle-même. La venue de Franck, au-delà de la raison de leur rencontre, était sans doute le signe pour elle d’enfin tirer un trait sur le passé et de penser à son bonheur. Son fils, Henry, qui est le narrateur de cette histoire, sera lui aussi tourmenté par la présence d’un autre homme dans la maison. Le début d’une nouvelle vie pour ces trois personnages ébranlés que le destin a mis sur la même route en cette veille du Labor Day!
Une similitude au niveau des thèmes abordés, c’est d’abord ce qui m’a marquée avec cette nouvelle lecture (qui a suivi celle de « L’homme de la montagne« ), même si elles se différencient évidement de par le cadre, la temporalité et l’environnement. Un jeune narrateur une nouvelle fois, qui analyse à travers un regard encore naïf d’ado de 13 ans, ce que cette présence soudaine va changer dans sa vie calfeutrée avec sa maman. En parallèle, on retrouve les mêmes grands questionnements liés à l’âge : les filles, le sexe, sa place à l’école, l’avenir,… Une fois encore, Joyce Maynard dresse le portrait d’un ado à part, à l’intégration pénible, qui se réconforte dans cette relation hyper fusionnelle sans être véritablement saine, ni pour l’un ni pour l’autre. Au fil des années, c’est une solide clôture qu’ils ont installée autour de leur nid, que Franck va donc outrepasser.
J’ai beaucoup aimé la délicatesse que l’auteure a employée pour amener Franck a gagner la confiance d’Adèle et de Henry. Franck, malgré un passé de prisonnier, cache en-dessous de son étonnante carapace, une âme généreuse. C’est un livre qui ne se lâche pas, tant le lecteur est plongé dans ce huis-clos passionnant. Il soulève la question de la seconde chance, transversale à la vie de nos trois personnages. Comment une vie peut-elle changer si radicalement, et se retrouver aussitôt remplie d’amour, d’entraide et de partage, en 48h?
J’ai aussi trouvé ce roman très visuel, m’imaginant clairement les scènes, le physique des personnages, ressentant également la tension constamment palpable, surtout en dernière partie. Il y a bien la petite dérive romantique qui ne m’a pas semblé essentielle dans cette histoire, ou qui aurait pu, selon moi, être un tout petit peu plus suggérée. Mais dans l’ensemble, c’est un titre qui fait du bien. Il invite à passer outre les apparences et à creuser un peu plus vers ce qui se cache vraiment au fond des gens.
Joyce Maynard, « Long week-end », traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain, Editions Philippe Rey, 2010 (10/18, 2011), 286 pages.
Ma seconde participation au mois américain de Titine, avec une auteure qui marquera profondément ce mois de septembre.
Je l’ai dans ma PAL et n’en ai entendu que du bien, j’ai de plus en plus envie de l’en sortir!
Idem pour moi. Tu donnes vraiment envie d’y plonger. Il a tout pour me plaire.
C’est vrai qu’on en a entendu beaucoup de bien un peu partout, c’est ce qui m’a d’ailleurs orientée vers ce roman. Il ne te reste plus qu’à 😉
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J’admire que tu lises deux livres de la même auteure en suivant, même si j’aime je ne me sens pas capable de faire ça ! Contente que tu aies apprécié aussi ce Long week-end.
C’est surtout un concours de circonstances : j’avais réservé les deux à la bibliothèque, à des moment différents, et je les ai reçus en même temps! Eh bien, je ne suis pas déçue car après « L’homme de la montagne », ça m’a beaucoup plu de continuer dans le même univers! Et j’ai lu celui-ci encore plus vite que le premier.
On m’avait tellement parlé de ce roman que j’ai été déçue en le lisant. J’ne attendais sans doute trop.
Ah oui, ça arrive souvent! Dommage… mais peut-être qu’un autre titre de cette auteure pourrait davantage te toucher?
J’aime beaucoup cette auteure :)!
Je suis aussi sur la bonne voie pour devenir fan 🙂
J’hésite car je bloque sur les huis-clos, je crains d’étouffer, mais il est noté néanmoins.
Étouffer, c’est le cas de le dire avec la canicule ambiante!! Tu as eu « ta dose » cet été!
Mais… mais …. je l’ai déjà lu cet article…Oh pardonne moi, Laeti, vous êtes 3 à avoir chroniqué Meynard pendant ce mois américain, je me suis emmêler les pinceaux dans le comm sur ton dernier billet (je m’auto-désole….mea culpa)
emmêlée (et en plus je fais des fautes)
C’est le seul roman de Joyce Maynard que je n’ai pas lu. Je me le garde au chaud, je crois.
J’ai tellement aimé ce roman !
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