Ils ont été nombreux les billets, et les éloges, à propos de ce roman! Aussi, ce n’est pas le mien qui apportera quelque chose de nouveau. Tout ce que je peux partager, c’est à quel point j’ai aimé ce roman. A quel point il m’a hypnotisée durant ces jours, ces semaines de lecture. Et en plus, ce fut un plaisir partagé avec mon amie Fanny dont vous pouvez lire le billet ici. Un coup de cœur pour nous deux! Peut-il en être autrement avec un tel texte?
On ne sait rien sur ce garçon. Ni son âge, ni son origine, ni où il habite. De fait, il ne parle pas. Rien, pas un mot, pas un son. Au début du livre, on est en 1908, c’est une scène renversante qui embarque immédiatement le lecteur : le garçon en train de porter sur son dos sa mère agonisante vers un lieu où elle se reposera pour l’éternité. Entre eux, une relation complexe, avec des mots à sens unique. Lorsqu’elle s’éteint, le garçon est livré à lui même. Il marche, des jours, des nuits, part à la conquête de quelque chose (un signe, une rencontre?). Cette première partie m’a fortement fait penser au dernier roman de Sylvie Germain « A la table des hommes ». A la différence que le roman de Marcus Malte se démarque largement, avis tout à fait personnel, pour la beauté et la puissance de son écriture. On sait d’emblée que le bout de chemin qu’on entreprend avec le garçon va nous bouleverser. Les détails, qui ont une grande place, si minutieusement éparpillés par l’auteur, des odeurs, des sons, des coups d’œil furtifs, m’ont embarquée : ce que lisais, je le voyais, je le ressentais.
Ce livre, qui nous présente quelques dizaines d’années de la vie du garçon, est une succession de rencontres qu’il fera et sur lesquelles il s’appuiera pour découvrir le monde dans lequel il vit, bien malgré lui. Évidemment le fait qu’il soit dépourvu de la parole lui permet d’avoir ses autres sens accentués. Mais ce manque lui offre autre chose : un regard un peu naïf mais extrêmement lucide sur ce qui nous entoure et nous détermine toutes et tous : un environnement, des relations, la hiérarchie entre les Hommes. Un ressenti intérieur qui est transmis avec beaucoup de poésie et qui touche énormément.
Les rencontres qu’il fait, ce sont des familles rassemblées au beau milieu d’une forêt et qui vivent reclus. C’est l’Ogre des Carpates qui en a tellement bavé et qui enseigne à son jeune protégé la philosophie de la vie. C’est Emma et son papa, rencontrés suite à un accident de la route. Et quelle rencontre… Emma est certainement le personnage le plus éblouissant et le plus incroyable de ce roman! Entre eux, c’est une complicité et des émotions folles qui les uniront durant des années. Grâce à elle, il est né une seconde fois : elle lui donne un nom, un statut, une maison. Elle lui enseignera aussi l’amour de l’art à travers la musique, le piano et la littérature.
Un soir, avant de s’endormir, et sans rire cette fois, elle se dit que la vie ne vaut que par l’amour et par l’art. (p.225)
Après vient l’horreur de la Grande Guerre 14-18 pour laquelle le garçon n’a d’autre choix que de se battre. Marcus Malte bascule dans les détails de l’horreur, mais toujours servis par une plume fabuleuse.
Ce roman, c’est un enchantement de la première à la dernière page, se situant entre la fable douce-amère et le roman d’apprentissage. Un texte passionnant et riche, qui nous force à nous interroger sur notre propre condition. Des émotions multiples qui donnent des papillons dans le ventre, ou plutôt qui tordent l’estomac.
Bien sûr, un tel personnage ne peut que devenir fantasme. Le garçon sans voix dont l’empreinte est, par ailleurs, si grande. Un grand roman qui se hisse dans le top de mes livres préférés.
Et des passages à lire et à relire…
« Et de grâce faites que le mystère perdure. L’indéchiffrable et l’indicible. Que nul ne sache jamais d’où provient l’émotion qui nous étreint devant la beauté d’un chant, d’un récit, d’un vers. » (p. 99)
« La vie a au moins ceci de bien c’est qu’elle déborde quelquefois de son lit. » (p.159)
Marcus Malte, « Le Garçon », Editions Zulma, 2016, 544 pages
(Prix Femina 2016)
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Ce billet est très beau, je ressens à travers tes mots tout ce qu’on a partagé pendant notre lecture. Merci pour ce partage, nul doute qu’il nous accompagnera longtemps.
🙂
Merci 🙂 Une première lecture commune plutôt réussie !!
Je te rejoins complètement dans ton coup de coeur, que j’ai éprouvé également il y a fort peu de temps. Et d’ailleurs, nous avons toutes deux souligner une proximité avec la plume de Sylvie Germain ! (Je te conseille d’ailleurs de lire « Le livre des nuits », encore bien meilleur que « A la table des hommes » et qui n’est pas sans faire écho non plus au roman de Marcus Malte !)
J’avais effectivement lu ton billet qui est très beau. Dès le début, la ressemblance m’a frappée, mais elles se sont bien vite distancées puisque je n’avais pas spécialement adoré le roman de S. Germain. Je lirai les avis sur le titre dont tu parles pour voir si je peux retenter avec cette auteure!
Il va falloir que je me penche sérieusement sur cet auteur…
Et j’ai su que tu en avais fait cadeau à Mina 🙂
Un roman absolument fascinant ! J’ai adoré !
A la fin de cette lecture, j’ai repensée à tes mots : qu’il va être compliqué d’apprécier les lectures qui suivront tellement celle-ci fut forte!
Un grand roman et un excellent auteur!
Je ne connais pas du tout ses autres livres!
Moi non plus figure-toi!!!
« Le garçon » se hisse dans le top de tes livres préférés? Un coup de coeur pour toi et Fanny. Wow. L’unanimité règne. Je veux le lire. Il se hisse dans le haut de ma wish list!
Tu n’as vraiment plus le choix Marie-Claude 🙂
Je crois que je vais même pas attendre sa sortie en poche pour le lire tellement les chroniques sont élogieuses, de ce que tu en dis ça me rappelle un peu Océan Mer aussi d’Alessandro Barricco.
ça va être compliqué en effet 🙂 Les tentations son trop nombreuses!! Je vais me renseigner sur ce titre, si tu fais le rapprochement, ça m’intéresse!
Très joli billet, qui me donne envie de tenter le coup …. merci Laeti !
J’espère qu’il te plaira Christelle !
Un vrai beau coup de cœur me concernant !
Vous l’avez tous aimé et pourtant, je n’arrive pas à m’y résoudre…
Tu m’as donné envie de lire ce livre.
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