Et voilà une nouvelle lecture commune avec mon acolyte Fanny! Un titre qui nous faisait de l’oeil depuis longtemps, envie ranimée avec la sortie récente en poche de ce Gallmeister dans la superbe collection Totem (et puis, regardez cette couverture!).
En commençant ce roman de quelques 400 pages, je me serais d’accord crue dans un jeunesse. Je fais en effet la connaissance de Lucy, 14 ans au début du livre, véritable garçon manqué renforcé par un père qui lui rase la tête à la moindre repousse. Elle vit seule avec sa maman, son père partant régulièrement et pendant de longues périodes au Canada pour scier le bois. A cet âge, il est de nature de se poser des milliers de questions sur son avenir, sur la vie en général, mais aussi sur les nombreux changements corporels et hormonaux que vivent les jeunes filles. C’est le cas de Lucy. En même temps, elle découvre la sexualité, avec son meilleur ami de toujours, Kenny. De beaux moments doucement érotiques teintés de maladresse et d’espièglerie traduisent admirablement cette grande découverte dans la vie d’un-e adolescent-e.
Lucy est un personnage incroyable que je n’oublierai pas de si tôt! Elle a un caractère sacrément bien trempé, ne se laisse jamais intimider pas même par des garçons plus âgés, elle possède un humour caustique difficile à suivre et une sorte d’instabilité qui plaît beaucoup aux autres jeunes qu’elle côtoie. C’est cette personnalité atypique qui hypnotise finalement les garçons.
Mais cette instabilité et surtout la grande difficulté qu’elle a à communiquer ses sentiments, est accentuée à mesure qu’elle se rend compte de la relation, pas si parfaite, de ses deux parents. Lorsque Lucy découvre que sa maman n’attend pas forcément sagement son papa rentrer à la maison, et que les mensonges deviennent de plus en plus fréquents, ce sont des échanges absolument volcaniques qui se passent entre elles deux.
Face aux mensonges de ses parents et aux nombreuses interrogations qu’elle se pose sur sa vie, Lucy a du mal à se situer entre l’enfance et l’âge adulte qu’elle approche à grands pas. Tantôt, elle souhaite grandir d’un coup, tantôt, elle préfère le cocon douillet de sa vie d’avant lorsqu’elle se sentait petit garçon.
En plus d’une analyse absolument fidèle des bouleversements liés à l’adolescence, Pete From met le doigt sur la relation hyper compliquée entre une mère et sa fille. En outre, il explore admirablement la complexité des sentiments qu’ils soient amoureux ou familiaux.
Les personnages imaginés par l’auteur américain touchent, ébranlent, ou exaspèrent. Mais ils ne nous laissent absolument pas insensibles. Et puis, ce que j’ai beaucoup apprécié est l’humour, parfois cinglant, qui s’échappe des échanges. Les page se tournent toute seule, et jamais je n’ai eu envie de quitter Lucy Diamond. J’aurais aimé avoir sa force de caractère au même âge, et sa franchise. En lisant son histoire, je me suis replongée dans des souvenirs, parfois peu réjouissants. Mais c’est ça, l’adolescence : avoir envie de grandir, sans avoir les problèmes des adultes ; vivre sa vie tel qu’on l’entend, sauvagement, sans penser aux conséquences. Car à 14, 15, ou 16 ans, on fonce, totalement insouciants.
Je ne sais pas si c’est parce qu’il s’agit d’un roman pour adultes sur cette période transitoire dans la vie d’un jeune, si c’est pour le regard lucide et les mots criants de vérité de Pete Fromm, ou bien cette fabuleuse et si mystérieuse Lucy, mais « Lucy in the sky » est certainement ma plus belle lecture sur l’adolescence.
Je vous invite à lire la chronique de Fanny qui a tout autant apprécié ce roman que moi!
Pete Fromm, « Lucy in the sky », traduit de l’anglais (américain) par Laurent Bury, Editions Gallmeister collection Totem, 2017, 432 pages
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( on a toutes les deux utilisé le mot « acolyte », j’aime!)
Je me rends compte en lisant ton billet que je n’ai pas évoqué les relations ado-parents qui sont si bien décrites ! Tu en parles très bien!
C’est un des thèmes qui m’a le plus marquée, et je trouve que c’est analysé très judicieusement.
un superbe roman d’apprentissage !
Oui, tout à fait!
il faut vraiment que je lise ce roman qui me fait envie depuis si longtemps!
Il faut te lancer 🙂
J’avais adoré Indian Creek, il faut absolument que je continue à découvrir l’univers de cet auteur amoureux des grands espaces.
Indian Creek, il faut que je le lise! Même s’il doit être très différent de ce titre-ci.
Moi aussi, adoré Indian Creek, et je crois que c’est ce roman que j’ai acheté l’année dernière au Festival America. Pete Fromm a un sourire et un charme… indéniables 😉
Je ne doute pas que tu aies pu tomber sous son charme 🙂 Le Festival America doit être super intéressant. Tu as ton exemplaire dédicacé du coup??
Evidemment ! 😉
J’aime bien les livres sur l’enfance et l’adolescence. Je ne connaissais pas celui-ci.
Eh bien c’est l’un des plus beaux et des plus justes que j’ai pu lire! Plus puissant qu’un roman jeunesse.
Comme Delphine olympe, j’aime les livres qui mettent en scène des enfants et/ou des adolescents. Cette Lucy est dans ma pal et je me dis, après t’avoir lu, qu’il est plus que temps que je l’en sorte.
Toi qui aimes les Gallmeister, ça m’étonne que tu ne l’aies pas encore lu 😉 Cette Lucy, tu y repenseras pendant encore longtemps, elles est magnifique.
Il y en a tant et tant que je ne lis pas tout. Et ce n’est pas tous les Gallmeister qui m’intéresse. Lucy, son tour s’en vient!
Je l’ai acheté la semaine dernière ! J’ai beaucoup aimé Indian Creek, du même auteur.
J’ai noté ce titre! j’ai très envie de me replonger rapidement dans son écriture et son univers.
ça ne m’étonne pas que vous ayez aimé toutes les deux, j’ai lu Indian Creek de l’auteur et j’ai beaucoup apprécié. Ravie de savoir que celui-ci est du même acabit !
Un très très beau roman sur l’adolescence, qui ne tombe pas dans les idées toutes faites et les stéréotypes.
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