Ce recueil fortement conseillé par Anne il y a quelques années, trônait sur mon étagère depuis bien trop longtemps! Le mois de la nouvelle organisé par Marie-Claude et Electra était le moment idéal pour enfin le découvrir!L’auteure a mis beaucoup d’elle-même dans ce recueil : on découvre en effet qu’elle voue une affinité particulière pour les inuits et les grandes étendues naturelles et froides du Nord où vit ce peuple autochtone. Elle a enseigné au Nunavik, et continue d’avoir beaucoup d’admiration pour eux et leur façon de vivre.
C’est ce qu’elle relate à merveille, avec énormément de respect et d’amour, au travers de toutes ces histoires. Ces nouvelles, c’est avant tout la rencontre de l’autre, de l’admiration pour la différence, la découverte d’autres valeurs et d’un autre mode de vie.
Ce regard empli d’humanité est proposé à travers une personne centrale, qu’on suit au fil de chaque histoire. Louise, une blanche venue du sud, qui s’est installée dans ce village inuit pour enseigner. On sent une vraie admiration de sa part pour le peuple qu’elle découvre au jour le jour. Plus que cela, elle veut vraiment s’y fondre, apprendre leurs coutumes et habitudes (c’est pas gagné pour la nourriture!), et se prend aussi au jeu de la langue. D’autres personnages s’ajoutent au fur et à mesure, et ne nous quittent plus. Annie, son amie inuite a la famille nombreuse qui aime partager avec Louise les petits secrets de son quotidien; il y aussi Tamusi, le coup de coeur de la jeune Blanche ; la « dame-sorcière » qui guéri les maux des gens de façon naturelle et surprenante, …
Chacune des nouvelles dévoile un pan de ce microcosme où Louise s’installe quelques années. Elle parle de ses doutes, de ses peurs, mais aussi des découvertes surprenantes qu’elle fait, et surtout d’une admiration et d’une complicité incroyable pour cette civilisation. Les années faisant, on sent malgré tout que les difficultés de s’intégrer totalement deviennent pénibles pour Louise. Elle épingle ainsi les terribles vérités qui entourent les femmes, ou encore les jeunes qui se suicident bien trop tôt. Le poids des traditions se fait sentir, et poussent finalement la jeune femme à ne pas envisager une installation définitive. Le texte se fait donc plus nuancé au fil des chapitres, ce qui n’est pas plus mal.
Par ailleurs, la langue de Lucie Lachapelle est superbe, délicate, totalement en adéquation avec les images, les émotions qu’elle nous veut nous faire partager. Par-ci par-là, elle sème des mots en Inuktitut, pour qu’on s’imprègne au plus près de cet univers. Un lexique est repris en dernière page.
Mon côté (trop) terre à terre m’empêche, bien souvent, de voyager au fil des lectures que je traverse, je n’arrive pas à m’imprégner suffisamment des mots. Ici, tout était différent. J’ai voyagé, j’ai vécu les péripéties de Louise, je me suis située dans ce village, j’ai senti le froid glacial, j’ai admiré ces superbes paysages décrits.
C’est la première fois que je lis un recueil de nouvelles qui se suivent et où on garde les personnages. J’ai adoré ce procédé, car même si les épisodes sont courts, on reste aux côtés des héros avec qui des liens peuvent se tisser.
Un beau coup de coeur pour ce recueil, pour l’auteure, pour ce dépaysement!
PS: si vous avez des conseils lectures sur les Inuits ou d’autres peuples autochtones, je suis preneuse, car j’ai vraiment adoré cette rencontre!
Lucie Lachapelle, « Histoires nordiques », Editions XYZ, 2013, 160 pages
Une lecture inscrite au challenge « Mai en nouvelles » organisé par Marie-Claude et Electra
Je ne connaissais pas cette maison d’édition. Et ce que tu m’as dit durant ta lecture, me fait penser que ça me plairait beaucoup.
Je suis bien contente que cela t’ait plu ! La constructopn du recueil est inoubliable pour moi. Dans le même genre (ou plutôt le thème des Inus ou Inuit ou autres peuples autochtones), j’ai aimé le roman de Lucie Lachapelle « Rivière Mékiskan », « Kuessipan » de Naomi Fontaine, « Nirliit » de Juliana Lévellé-Truel et « Matisiwin » de Marie-Christine Bernard.
Génial! Ça ne m’étonne pas qu’il t’ait plu. Je l’avais beaucoup aimé aussi.
Mes suggestions: je te conseille de lire d’abord « Manikanetish » de Naomi Fontaine, plutôt que « Kuessipan ». Un classique: Agaguk de Yves Thériault. Je seconde Anne avec « Nirliit » de Juliana Lévellé-Truel et « Matisiwin » de Marie-Christine Bernard. J’ajouterais aussi « Panik » de Geneviève Drolet et « Le coureur de froid » de Jean Desy.
C’est assez pour toi?!!
Si l’un ou l’autre te tente, dis-le moi, je pourrai te l’amener en septembre!
Une chouette découverte ! En même temps on est rarement déçus en suivant de bons conseils les yeux fermés 😉
J’avais beaucoup aimé « Rivière Mékiskan » de la même auteure, qu’Anne m’avait prêté.