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« Au revoir là-haut » de Christian De Metter et Pierre Lemaitre

Je l’avoue : j’ai emprunté cette BD pour pouvoir découvrir l’histoire de Pierre Lemaitre, au lieu de me lancer dans le pavé! Cela fait trop longtemps que « Au revoir là-haut » me tente et tomber sur cette autre version représentait une aubaine.

C’est donc chose faite! Le « hic » : la BD est tellement grandiose que j’ai encore plus envie de lire le roman!!

img_2947Brièvement, l’histoire est celle de l’amitié entre deux hommes. Albert Maillard et Edouard Péricourt, deux combattants français de la 1ère guerre mondiale. Et malheureusement, c’est la veille de l’armistice que l’effroyable se produit : Albert est enseveli dans un mont de terre, de déchets et de restes humains. Il est sauvé de justesse par son fidèle Edouard. Le malheureux sera par contre défiguré par des projectiles d’obus venu s’abattre juste à côté de lui. Mais ce qu’il vient de se passer n’est pas le fruit du hasard ni un accident. Elle fait suite à l’odieuse trahison de leur supérieur Aulnay-Pradelle, pris en flagrant délit de meurtre au sein de sa propre troupe.

Les deux hommes tentent alors de se reconstruire, et restent inséparables, accompagnés de la jeune et douce Louise. Quand la vie reprend son cours, après la guerre, ils se sentent plus que jamais trahis, isolés, mal considérés. C’est alors que l’occasion de tirer leur vengeance leur apparaît soudain comme une évidence. Ils imaginent mettre sur pied une véritable escroquerie qui touchera ceux qui les ont laissés de côté, comme des moins que rien.

Parfois, souvent, les lecteurs qui ont vraiment adoré un roman, ont peur de voir les traits des personnages qui les ont fait autant vibrer. Parfois, les images, les dessins ne se révèlent pas à la hauteur de cet imaginaire personnel qui a pris naissance dans la tête du lecteur.

D’autres fois, ces dessins portent le personnage imaginaire, lui donnent une autre dimension, plus forte, plus… humaine. Ce n’est plus juste un sentiment, une représentation floue, un voile. Ils leur donnent vie. Alors même si je n’ai pas lu le roman de Pierre Lemaitre, qui me semble absolument fabuleux après la découverte de cet album, je trouve que le talent de Christan De Metter a permis d’arriver à ce résultat. Donner vie aux personnages imaginés par le romancier. Il s’agit d’un travail tout simplement bluffant. On sent que le portraitiste a marché sur des oeufs, qu’il ne voulait commettre aucune approximation dans les visages qu’il offrait à Albert et à Edouard.

Christian De Metter a traduit à merveille à la fois la part sombre de ce roman, avec le détestable Pradelle. Et son côté lumineux, qui rend espoir, grâce aux planches consacrées à Péricourt, ses masques, sa complicité presque enfantine avec la jolie Louise. On lit la bienveillance, l’amitié, l’humanité, dans les yeux de Maillard. Ce sont des visages précis à l’extrême, qui vous hypnotisent.

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Autre challenge dans pareille entreprise : résumer un roman de près de 600 pages en un album sans rien dénaturer et en conservant les émotions qui prennent naissance à partir des détails. Une nouvelle fois, l’exercice est salutaire.

C’est une économie de textes, contrairement au pavé de la version initiale et des dessins qui se suffisent à eux-mêmes. Les personnages en disent tellement long. Ce sont des regards époustouflants, remplis d’émotions. Prenez le temps de vous poser sur ces regards qui vous laisseront sans voix! Une merveille!

Une BD qui se lit en apnée totale, d’une seule traite. Une fois terminée, on a déjà envie de s’y replonger. Un album qui traduit un grand respect du dessinateur envers le romancier, et son travail. Ces deux objets, le roman et l’album, se complètent à merveille et semblent à présent indissociables.

bd-de-la-semaine-saumon-e1420582997574 Cette semaine chez Mo’!

Pierre Lemaitre et Chistian De Metter, « Au revoir là-haut », Editions Rue de Sèvres, 2016, 168 pages