C’est chez Moka que j’ai noté ce roman graphique depuis un moment déjà et quel bonheur d’être tombé dessus à la bibliothèque. Que ce soit clair, je n’ai jamais tenu entre les mains pareil album! Il est tout simplement splendide, un objet qu’on a envie de garder, de parcourir quand bon nous semble, d’effleurer les pages, de se plonger dans les couleurs si vives de l’auteure. Un vrai plaisir!
Dans les bois, ce sont 5 histoires qui se déploient de façon similaire : Emily Carroll présente brièvement ses héros, et surtout héroïnes, plante le décor, l’ambiance. Le charme opère immédiatement en ce qui me concerne car elle réussit son pari : c’est une sensation oppressante qui s’empare du lecteur. Attention, il m’en faut plus pour trembler, grande amatrice de films d’épouvante que je suis, mais j’avoue que certains dessins sont extraordinairement dégoûtants!
Certaines nouvelles se détachent clairement des autres, comme L’hôte, de loin ma préférée. Les dessins volent en éclat, explosent, prennent toute la place. Et puis, ce rouge flamboyant qui laisse deviner le sang, la mort, le danger. Elle m’a semblé la plus aboutie, c’est aussi la plus longue. D’autres comme La maison voisine est au contraire plus énigmatique. Carroll laisse deviner les choses, joue davantage sur les interrogations, avec des disparitions en série au sein d’une fratrie.
Ce que je retiens de son art est d’avoir réussi à semer le mystère entre chaque page. On entre à pas de loup dans chaque nouvelle histoire, avec une pointe d’excitation, ne sachant pas à quoi s’attendre. Pour les amateurs de frissons, c’est se laisser prendre au jeu de l’épouvante.
Seul petit bémol malgré tout, des fins vite expédiées à mon goût qui sont plus déstabilisantes que percutantes. Des chutes qui participent néanmoins au mystère omniprésent dans cet album.
Au final, c’est un livre que j’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir, pour le côté « bel objet ». J’ai beaucoup aimé le graphisme et la typographie, qui ouvrent les portes à un univers à part, qu’on n’oublie pas de si tôt!
Cette semaine chez Moka!
Emily Carroll, « Dans les bois », Editions Casterman, 2016, 208 pages