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« Un paquebot dans les arbres » de Valentine Goby

Mission accomplie! Je suis arrivée au bout de ma lecture pour les matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister, dont j’avais complètement oublié la date de remise des copies (encore merci à Fanny pour le rappel ^-^).

Ce roman m’a accompagnée durant ce long week-end de Toussaint, et j’étais à chaque fois ultra enthousiaste et impatiente de me replonger dedans! Il s’agit de ma première rencontre avec Valentine Goby, fortement encouragée par Fanny une nouvelle fois! Et waw… quelle lecture!

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« Un paquebot dans les arbres » nous plonge au début des années 50, au Balto, le café-épicerie que tiennent les Blanc dans un village appelé La Roche. Paulot, le père, et Odile, son épouse, sont propriétaires et gérants de ce lieu festif où tout le village aime passer du bon temps. L’ambiance y est bon enfant et chaleureuse, surtout les soirs de « bals ». Le couple Blanc a 3 enfants : Annie l’aîné, Mathilde âgée de 9 ans en 1952 et Jacques le petit dernier, 4 ans.

La prose de Valentine Goby fait effet dès les premiers mots, qui est juste parfaite pour décrire l’ambiance si enveloppante des soirs de fête au Balto. On s’y sent bien, aimé, accueilli sans jugement. Telles sont les valeurs des Blanc qui nous sont présentés comme étant de « belles personnes ».

C’est pour cela que la suite est si injuste : Paulot va tomber malade, et son état ne cessera de se dégrader. Le verdict tombe, c’est la tuberculose. Il doit remettre son commerce pour entrer au sanatorium d’Aincourt, là où sont soignés les « tubards », ceux qu’on a aimés, qu’on rejette, qu’on isole, par peur de contagion. Et elle se situe là, toute l’injustice de ce roman : malgré une vie à faire tourner leur bistrot, les Blanc n’ont pas droit à la sécurité sociale ni aux assurances complémentaires pour faire face au terrible coût des soins. Odile le rejoindra quelques temps plus tard, elle aussi atteinte. Annie est en âge de fonder une famille, elle part à Paris. Restent Mathilde et Jacques, qui sont envoyés dans deux familles d’accueil. A 18 ans pile, Mathilde demande alors son émancipation, et retourne dans la maison familiale de La Roche où elle trimera chaque jour pour arriver à son but principal : obtenir son diplôme, gagner sa vie pour récupérer Jacques et recomposer sa famille. On suit alors le « petit gars » tel que l’a toujours surnommée son papa, dans ce combat qu’est devenu son quotidien, où elle connaîtra le froid, la faim, la peur des lendemains, les doutes. Avancer, tomber, échouer, apprendre, gagner. Des passages que l’on vit, que l’on ressent, la peur au ventre, et avec la furieuse envie d’aider Mathilde.

C’est un livre qui se savoure, dans lequel il faut véritablement se plonger pour pouvoir s’imprégner de toutes les émotions que traverse Mathilde. Dure réalité pour cette jeune fille qui est devenu le pilier d’une famille disloquée par la maladie, et qui tente par tous les moyens, de la reconstruire. Elle fait preuve d’un courage inouï, uniquement porté par l’amour pour sa famille, et la foi en un avenir meilleur. Jamais elle n’en doutera, et c’est certainement grâce à cette persévérance qu’elle s’en sort. Quelques rencontres bienheureuses se mettront à travers son parcours, et lui donneront le petit coup de pouce dont elle a besoin pour retrouver un soupçon d’énergie. Des personnages que l’on ne peut qu’aimer : Jeanne, une camarade de classe bègue, Mathieu un premier amour, ou encore, la directrice d’école de Mathilde, qui m’a juste scotchée par tant de sagesse et de générosité.

J’ai été happée, dès les premières phrases. La  force dont fait preuve Mathilde, à la maturité impressionnante, aimantent le lecteur à chacune des page de ce roman.

C’est le plaisir des mots, mais l’histoire est tout aussi merveilleuse. C’est une véritable leçon de vie que l’on retient. Elle prend aux tripes et ne peut laisser personne indifférent. Un livre qu’on n’a pas envie de lâcher, ni de laisser, une fois terminé…

Je crois qu’après cette lecture, chacun et chacune garde en soi un petit peu de Mathilde, tellement ce personnage représente un modèle de générosité, de bonté, d’amour, de sincérité. Pour ma part, elle m’a véritablement éblouie.

Valentine Goby, « Un paquebot dans les arbres », Editions Actes Sud, 2016, 270 pages.

« La Variante chilienne » de Pierre Raufast

Quand un jeune auteur obtient autant de succès que Pierre Raufast avec « La fractale des raviolis« , le second roman est attendu au tournant! Le défi était de taille, vu l’originalité du procédé usé avec ce véritable melting pot d’histoires abracadabrantes qui s’encastrent entre elles, à l’image des poupées gigognes. L’auteur continuera-t-il sur cette même démarche? Préfèrera-t-il marquer une cassure avec ce premier titre fortement remarqué?

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L’extrême talent de conteur de Pierre Raufast n’est plus à démontrer, c’est cette grande qualité qui a été mise en avant chez les blogueurs. Néanmoins, dans « La Variante chilienne », il présente à nouveau toute l’étendue de son imagination d’une part, mais surtout, le plaisir qu’il prend à s’envoler vers des univers uniques en leur genre, et de le faire partager avec ses lecteurs. A nouveau, donc, ce deuxième titre est composé d’une multitude de petites histoires ahurissantes, à la seule différence que celles-ci gravitent autour d’un seul et même point. Et il s’agit d’un personnage, celui de Florin. « La Variante chilienne », c’est l’incroyable existence d’un homme ordinaire, qui a connu de folles aventures, mais qui a aussi traversé des événements moins drôles.

En vacances pour l’été, Pascal, professeur de philosophie, loue un gîte dans un coin totalement perdu nommé Saint-Just-Sur-Harmac. Il est accompagné clandestinement de Margaux, sa jeune élève, poète dans l’âme. Son histoire, on la découvrira plus tard. C’est là qu’il fait la connaissance de Florin, qui, chaque soir, lui fera part d’un pan de sa vie autour des plaisirs les plus simples qu’ils partagent tous deux, un bon repas, un verre de vin rouge et une pipe. Florin est d’emblée attendrissant lorsqu’il explique que, suite à un grave accident survenu lorsqu’il était jeune, il perd instantanément la mémoire. Il doit alors recueillir des cailloux pour se souvenirs des belles choses, des rencontres. Tous ces cailloux, il les collectionne dans des bocaux, scrupuleusement classés chez lui par année. Cela promet de belles et longues soirées entre six yeux à  refaire le monde. Le moment aussi d’ouvrir son coeur et de réfléchir à l’essentiel.

Ainsi se déroula ma première rencontre avec l’homme qui ramassait des cailloux.

Ainsi naissent les amitiés. (p.38)

« La Variante chilienne » m’a semblé plus abouti car il se focalise sur le vécu de ces trois personnages. Une empathie s’est davantage créée, en restant un bout de temps en leur compagnie. Car s’il est principalement question des mésaventures de Florin, Pascal partage volontiers quelques notes de son passé, ainsi que Margaux qui doit dénouer des soucis familiaux. Les histoires sont toutes aussi nombreuses que dans « La fractale des raviolis », mais j’ai beaucoup aimé qu’elles se recentrent sur un seul et même point.

Toujours autant d’originalité, une profondeur davantage marquée dans les personnages principaux, un univers à part et explosif, beaucoup de fraîcheur… Pierre Raufast maîtrise ces éléments à la perfection, qui constituent désormais sa « patte ». Un auteur à suivre et à faire découvrir, sans aucun doute!

Pierre Raufast, « La Variante chilienne », Editions Alma, 2015, 260 pages.

Ps : il s’agit d’une lecture offerte par Price Minister dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire, un avis que je rends in extremis. #MRL15 #PriceMinister

(Je reviens très vite!)

« Retour à Little Wing » de Nickolas Butler

Nous étions unis par le sentiment d’être différents de notre milieu et aussi peut-être par un sentiment de supériorité par rapport à l’endroit qui nous avait formés. En même temps, nous en étions épris. Épris d’être les rois d’une petite ville, perchés sur ces tours abandonnées, dominant notre avenir, en quête de quelque chose – du bonheur peut-être, de l’amour ou de la gloire. » (p.88)

Deux thèmphotoes ont suffit à me guider vers ce choix de roman : l’amitié et la puissante attractivité du lieu de vie.

Revenir sur ses terres d’origine, ou plutôt dans le patelin de son enfance, et y voir jaillir les souvenirs d’antan est précisément au coeur de ce premier roman de l’américain Nickolas Butler. Little Wing, petite ville du Wisconsin ne fait rêver que les amateurs de calme, de simplicité et de verdure. Là-bas, les habitants ont su préserver les relations de voisinage et de proximité, ils apprécient se délecter des petites choses simples du quotidien, en toute modestie. Mais surtout ils profitent chaque jour de l’année du bonheur de travailler la terre et d’avoir pu garder ce rapport privilégié avec les joyaux que la nature leur offre. Ces gens-là sortent par tous les temps salir leurs mains, traire les vaches, humer l’herbe fraîche, sentir cet air particulier emplir leurs poumons, et regarder le soleil se coucher derrière les collines.

Cette sensation de liberté, celle de vivre à huis clos loin de la circulation, du bruit, du stress et de la modernité, je l’ai ressentie à chaque page du livre. C’est, en ce sens, un très bel hommage que réussit à nous offrir Nickolas Butler, aux petits coins perdus qui ne paient pas de mine et qui rendent les gens si heureux. Nous viennent alors à l’esprit et en permanence, un savoureux mélange de palettes de couleurs, d’odeurs et d’images liés à notre mémoire personnelle, pour ce charmant tableau que Butler nous fait découvrir à travers cette histoire d’amitié.

Quatre amis, aujourd’hui trentenaires, se retrouvent en effet dans ce village d’enfance de Little Wing, pour fêter le mariage de l’un d’eux. Après avoir fait les 400 coups ensemble, certains se sont distancés pour se lancer dans une carrière de rockstar ou de courtier. D’autres ont opté pour les origines en reprenant l’exploitation agricole familiale. D’autres encore, y sont restés, bien malgré eux. C’est donc autour de cet événement que la bande se remémore leurs frasques de jeunesse. Mais Nickolas Butler ne fait pas que relater la douce et belle amitié qui dure qu’importe les années et l’éloignement géographique. Il ajoute une dimension réelle en faisant exploser les non-dits, les regrets et certaines blessures profondément enfouies. Car être amis, c’est accepter que les autres évoluent pendant qu’on fait du sur-place, c’est regarder le bonheur dans les yeux de certains alors que notre vie prend le mauvais virage, c’est écouter les reproches des uns et se remettre en question, c’est se laisser guider par l’expérience des autres pour avancer. Mais ce n’est certainement pas un long fleuve tranquille, et c’est ce que Butler nous démontre de façon subtile et tendre. Il nous interroge sur nos propres relations et nous aide à en faire le bilan.

C’est un roman qui aurait pu être banal, plat, presque ennuyant. Il ne se passe rien grand-chose, il s’agit d’une photographie de vies « ordinaires ».  Mais en donnant la parole tour à tour à ses personnages, l’auteur a donné du rythme et une dynamique. Car l’enjeu, lorsque l’on passe d’un homme à une femme, d’un friquet à un champion de rodéo, est de faire passer avec cohérence une personnalité, une façon de s’exprimer, une vision du monde. En alternant les narrateurs, je suis entrée dans des vies intimes fort différentes où s’expriment aussi bien les joies de la maternité, et de l’harmonie familiale, que les doutes existentiels et les blessures anciennes. Se tisse par ailleurs à travers ces voix, la complicité qui continue à les lier, parsemée d’anecdotes qui vous plongeront vous aussi dans des moments de nostalgie. Ces flash-back croisés à leur témoignage sur les faits du présent évitent toute lassitude. Aidée par une écriture facile et agréable, la lecture est particulièrement fluide.

J’ai succombé à ce premier roman très bien mené, sur une amitié cimentée par un lieu de souvenirs, à l’ambiance douce et fidèle à la région mise à l’honneur. Durant les 440 pages, j’ai été taraudée entre la curiosité et la ferveur de connaître vite-vite la suite, et la volonté de prendre le temps pour ne pas devoir quitter ces personnages. Un premier coup de plume auquel je donne la note de 16/20 dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister.

Nickolas Butler, « Retour à Little Wing », Editions Autrement, 2014, 445 pages.

Les résultats des matchs de la rentrée littéraire PM

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L’annonce vient de tomber, le lauréat des matchs de la rentrée littéraire 2013 organisés par Price Minister est donc « Pietra Viva« , suivi de « La garçonnière« . J’avoue être étonnée de ces résultats, surtout lorsque je découvre la position de deux romans qui récoltent pas mal d’avis positifs depuis septembre « La grâce des brigands » et « La lettre à Helga« . Personnellement, je ne connais pas « Pietra Viva » et évidement, ce succès ne peut que me donner envie de le lire à mon tour bien que… les avis des blogueurs participants ne semblent pas tellement correspondre à mes goûts. J’aurais apprécié connaître les notes moyennes pour chaque titre!

Une nouvelle fois, la place donnée à « Lady Hunt » m’étonne aussi. Enfin, pas tout à fait puisque les critiques à son encontre sont extrêmement divergents et bien souvent mitigés. Mais cette avant-dernière position peut renforcer auprès de certains, le manque de motivation à lire ce roman, alors qu’il vaut le détour (mais cela reste mon avis, je fais partie de ceux qui l’ont apprécié!).

ResultatsLitteraire_PopulariteV2Ce que je trouve évocateur dans les résultats de cette année est l’écart entre le nombre de livres commandés par les blogueurs (en sachant que « Esprit d’hiver » et « Lady Hunt » ont été les plus demandés) et leur position.

Finalement, les titres les moins « attirants » de prime abord, puisqu’ils ont été distribués en moindre nombre, sont ceux qui ont le plus plu.

Tout cela me renvoie à une interrogation : finalement, ne se rue-t-on pas sur les titres les plus attendus et les plus présentés dans la presse, par sécurité peut-être, alors que d’autres titres, moins évoqués par ailleurs, plaisent d’avantage? C’est néanmoins l’occasion d’apprécier certains titres dont on parle un peu moins dans les médias et de leur donner justement leur chance à eux aussi, à côté des auteurs qui sont les rois de la rentrée littéraire tels qu’Amélie Nothomb.

Ceci étant, je suis heureuse d’avoir lu « Lady Hunt » dans le cadre de ces matchs et suis ravie d’y avoir participé cette année encore. Merci à Price Minister pour la bonne organisation et cette opportunité!

Et pour vous, les résultats vous semblent-ils cohérents? Je sais d’ores et déjà que ma copine Mina M est ravie de cette récompense 😉

Pour lire tous les résultats ainsi que les avis des blogueurs gagnants, c’est ici que ça se passe.

« Lady Hunt » d’Hélène Frappat

IMG_0257Envoûtant, énigmatique, original, parfois complexe mais assez captivant. Les qualificatifs qui me viennent pour « Lady Hunt » sont nombreux, c’est d’ailleurs sans doute en partie pour cela que les avis à son sujet sont si mitigés et différents. Certains lecteurs ont été franchement déçus, pour d’autres, la surprise est bien réelle.Ma lecture a été malheureusement hachée et je suis persuadée que j’aurais pu entrer davantage dans cet univers si particulier si elle avait été plus continue. Ceci dit, la découverte de cette auteure me réjouit. Tout d’abord pour sa très belle plume, douce et poétique. Ensuite, j’ai apprécié l’originalité de son histoire, même si elle m’a emmenée dans un univers dans lequel je n’ai pas habitude de m’aventurer en littérature. En effet, l’on peut s’attendre à un récit surnaturel, gothique lisait-on. Des liens avec Stephen King avaient même été avancés. Je l’ai trouvé beaucoup plus introspectif et psychologique que fantastique.

Laura Kern, jeune femme libre et solitaire, travaille dans une agence immobilière des beaux quartiers de Paris.  Le dénouement arrive assez vite dans la première partie du livre, avec la disparition étrange d’un petit garçon dans l’un des appartements qu’elle fait visiter, et les hallucinations qui la touchent. En plus de ces étrangetés, un rêve ne la quitte plus… Celui d’une maison vers laquelle Laura se sent intensément attirée.

« Depuis plusieurs mois, mes nuits sont troublées par l’irruption d’un rêve étrange. Une maison s’introduit dans mon sommeil, accapare mes rêves. » (p. 13).

« Bientôt les frontières auront disparu entre la maison et moi. Il n’y aura plus qu’une seule maison, une seule mer, un seul rêve, un seul monde. (…) Dans la chambre, l’odeur disparaît lentement. J’ai dans la bouche un goût salé de mer ou de larmes. » (p.112).

Mais c’est surtout sur ses souvenirs familiaux que se focalise le récit, sur la mort de son papa, victime de la maladie d’Huntington. C’est avec une grande sensibilité et  inquiétude que Laura se remémore la déchéance dont a été victime son père. Grande inquiétude car la maladie étant héréditaire, sa soeur ou elle-même en seraient à leur tour atteintes. Les nouvelles visions de Laura, son rêve si accaparant… seraient-ce les premiers signes de la maladie?

« On redoute toujours le moment où l’on ne pourra plus faire semblant, où l’on devra regarder en face ce qu’on savait déjà » (p.72).

« L’avenir m’est interdit; le passé est un paysage gelé dans le brouillard; le présent où je vis est déjà loin de moi. Est-ce cela « être malade du doute », comme l’écrit l’article sur Internet? » (p.133).

Le texte est rythmé par quelques vers de poésie d’enfance, de souvenirs mélancoliques, de comptines enfantines, de moments partagés avec son papa, qui sont, selon moi, prépondérants. Et en filigrane à cette épée de Damoclés nommée Huntington qui plane au-dessus de la tête de la jeune femme, les événements surnaturels qui lui arrivent, rendent ce texte plutôt captivant et curieux. Bien sûr, j’ai beaucoup apprécié les changements de paysages fort présents, passant de la Bretagne où elle a passé son enfance, à la France, en passant par Londres où vit sa sœur, et le Pays de Galle, terre natale de son père. Une ambiance différente à chaque page, une sensation brumeuse telle que la vit Laura, qui traverse l’imprimé, un attachement à son histoire et aux bouleversements qu’elle est en train de vivre.

« Derrière les murs bas en pierres entourant le cimetière, la lande jaune et violette descend jusqu’au sentier côtier de Pembrokeshire. Les racines noires des genêts et des bruyères s’accrochent aux pentes abruptes des falaises. » (p.244).

Au final, je partais sceptique avec cette lecture, et je la finis plutôt satisfaite, malgré une confusion réalité/rêve et quelques passages difficiles à m’imaginer pour mon esprit cartésien. J’ai en tout cas été embarquée. C’est pour toutes ces raisons que je donnerai la note intermédiaire de 13/20.

Galéa et Leiloona entre autres l’ont apprécié, mais à la lecture des commentaires, le débat est ouvert!

C’est dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister que j’ai eu l’occasion de découvrir ce roman. Merci à eux pour cette opportunité!

Et elle s’inscrit également dans le challenge « Rentrée littéraire 2013 » de Herisson.

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« L’Amour sans le faire » de Serge Joncour

Le livre commence avec Franck, un quarantenaire vivant à Paris, qui un beau matin téléphone à ses parents qu’il n’a plus vu depuis 10 ans. Aussitôt passée la contrariété sur cet appel impromptu, l’étonnement, la surprise: une petite voix décroche, un enfant manifestement. Et Franck raccroche. Ses parents ont-ils déménagé, leur est-il arrivé quelque chose? Pas un mot depuis 10 longues années, depuis l’enterrement de son frère Alexandre, décédé accidentellement. C’est alors que l’homme décide de prendre le train dès le lendemain, directement les Bertranges, retrouver la ferme familiale. Il verra bien ce qui se présentera à lui une fois sur place…

 

Parallèlement au voyage de Franck, on rencontre Louise, un personnage silencieux, renfermé, peu sûr d’elle. Il s’agit de la veuve d’Alexandre. Elle aussi décide de se rendre aux Bertranges, retrouver ses anciens beaux-parents avec qui elle a toujours gardé un lien particulier. En effet, son enfant qu’elle a décidé de baptiser Alexandre, né d’une rencontre d’un soir, vit avec eux dans la ferme familiale. Elle ne se sent pas mère, elle ne se sent pas le courage de l’élever alors qu’elle n’a jamais réussi à surmonter la mort de son homme. Pour elle, le meilleur de ce qui pouvait lui arriver dans la vie est désormais du ressort du passé, « On ne refait pas sa vie, c’est juste l’ancienne sur laquelle on insiste » se dit-elle. Elle ne pourra plus jamais aimer, elle a aimé une fois, c’est Alexandre. Son existence se résume à survivre, à tirer son épingle du jeu avec un emploi plutôt instable.

Franck et Louise se retrouveront donc tous les deux au même moment dans ce village d’enfance, qui a été le lieu de tant de bonheur mais également le théâtre de la tragédie qui  toucha Alexandre, et qui a fait voler en éclat le semblant de lien qui les unissait tous.

Après un début de roman trop lent à mon goût, le moment où l’auteur pose le cadre, présente les personnages, j’y suis véritablement entrée dès la deuxième partie, lorsque tout le monde arrive aux Bertranges. Au fil des pages, Serge Joncour ose reparler des silences et des rancœurs qui touchent une famille disséminée. Dès sa rencontre avec ses parents, j’ai ressenti de la peur chez Franck, la peur de se voir rejeté par ses parents, la peur des cris aussi. Au lieu de cela, l’indifférence, la pire des réactions. Heureusement, le petit être qui se tient désormais au milieu du jeu arrive à détendre quelque peu l’atmosphère grâce à son enthousiasme et à sa naïveté enfantine.

A travers ce nouveau roman, je découvre également la plume de Serge Joncour, poétique, délicate. J’ai ressenti de la douceur et une grande modestie tout au long du livre. Malgré qu’il soit resté silencieux pendant tout ce temps, Franck ose retourner dans son ancienne maison, avec l’envie, non pas de recoller les morceaux avec ses parents puisque de toute façon leur relation n’a jamais été chaleureuse, mais au moins de savoir comment ils vont, les revoir tout simplement. Sans doute, la crainte de vivre avec des remords, ou bien l’envie de prendre un nouveau départ, de vivre autre chose en dehors de la ville qui l’étouffe de plus en plus. Louise est également un personnage énigmatique, plutôt instable. Elle dégage un sentiment de renouveau, d’espoir, celui de tourner la page et de retrouver le sourire un jour… Entre eux, ce n’est pas de l’amour qui nait, plutôt une relation de complicité silencieuse. Deux personnages qui sont à un moment de leur vie où il est bon de prendre une nouvelle direction, qui sont manifestement perdus dans leur quotidien respectif et qui cherche l’inspiration aux Bertranges. De l’amour serait trop malsain, Alexandre est encore beaucoup trop présent dans leur vie. De l’Amour sans le faire, cette phrase sur la couverture « Ne pas pouvoir s’aimer, c’est peut-être plus fort que s’aimer vraiment » résume assez bien leur rencontre. Au passage, une partie sur la capacité à profiter du moment présent, sans se soucier de ce que sera fait le lendemain, à Paris, touche au plus haut point. De très jolies descriptions sur les paysages, qui soudain m’apparaissaient devant les yeux, étaient particulièrement appréciables également.

Bref, je garderai sans doute un beau souvenir de ce roman, qui a eu du mal à démarrer en ce qui me concerne, mais qui m’a touché et m’a permis de passer un beau moment au coin du feu, blottie dans mon canapé.

Je l’ai reçu dans le cadre du match de la rentrée littéraire lancé par Price Minister, et je dois le noter sur 20 points. J’ai donc décidé de lui donner la note de 14/20.