« Le mur mitoyen » de Catherine Leroux

Les ruptures sont au centre de ce roman de Catherine Leroux. Rupture en pleine ascension politique, rupture au sein du couple, de la famille, rupture identitaire. Les personnages sont malmenés et passent par une période particulièrement pénible de leur existence. 3 vies sont, dans « Le mur mitoyen », exposées soit à la souffrance, soit à un événement bouleversant qui remet en cause des piliers, des éléments fondamentaux qui ont construit ces vies.

1425989-gf

On y trouve Madeleine, jeune veuve qui parle seule, attristée par les retours improvisés et si irréguliers de son fils unique Edouard qui préfère fuir la maison familiale pour des aventures en pleine nature et sans contraintes. Ensuite, il y a Marie et Ariel, qui forment un couple soudé et terriblement amoureux, propulsés sous le feu des projecteurs lorsque ce dernier devient le premier ministre canadien. Enfin, Carmen et Simon, frère et sœur complices, vont une dernière fois questionner leur mère mourante sur l’identité de leur père. Une réponse qui tarde depuis si longtemps.

En filigrane, deux fillettes en Géorgie, dont la promenade vers l’épicerie du village viendra entrecouper ces scènes principales, comme pour marquer une pause. Des voix qui résonneront à travers toutes les pages.

Malgré ce thème central de la rupture, « Le mur mitoyen » est pour moi un roman lumineux, qui trouve un véritable élan à travers le thème de la résilience et de la reconstruction.

Cela avait été particulièrement mis en avant dans les autres billets à propos de ce roman : Catherine Leroux s’amuse à brouiller les pistes, avec intelligence et adresse, pour ensuite les reconstituer en entremêlant chaque histoire. Malgré le fait que je m’attendais à plus de retournements, plus de liens, l’auteure m’a ravie en faisant preuve d’une maîtrise incontestable qui emmène le lecteur à tâtons dans des zones d’ombre, ne laissant aucune place à l’ennui! La chute est à la hauteur des espérances, et met fin à ce voyage mystérieux. Des chemins que j’aurais bien aimé continuer à sillonner pour profiter davantage d’effets de surprise.

C’est aussi la découverte d’une magnifique plume, poétique, douce, et violence à la fois.

La surprise décrite plus haute fait parfois place à l’incompréhension (en tout cas pour ma part), heureusement réduite tout à la fin du bouquin grâce à une note de l’auteure. Celle-ci livre en effet quelques clefs pour mieux saisir ces identités, ces cas et lieux parmi lesquels elle a puisé son inspiration. Un cadeau au lecteur qui m’a semblé honnête. La boucle est bouclée.

Des histoires qui retournent et ne s’oublient pas.

Je dois cette lecture marquante à Anne, merci! Retrouvez d’ailleurs son avis, tout aussi enthousiaste!

Catherine Leroux, « Le mur mitoyen », Editions Alto, 2013, 338 pages.

Une nouvelle participation à « Québec en novembre » chez Karine et Yueyin

logo-québec-en-novembre

12 réflexions au sujet de « « Le mur mitoyen » de Catherine Leroux »

    1. Laeti Auteur de l’article

      C’est vrai qu’une deuxième lecture peut-être dans ce cas-ci intéressante! Même si je ne suis pas du genre à relire :p Tu vas lire d’autres romans de Catherine Leroux?

      Répondre
  1. sous les galets

    le titre est top, et j’adore les livres qui donnent en plusieurs fois, je trouve ça extra…noté (je n’avais jamais entendu parler de l’auteur 😉
    j’espère que tu vas bien en ces temps sombres dans nos deux pays…

    Répondre
    1. Laeti Auteur de l’article

      La construction est très réussie et j’ai adoré suivre ces destins qui se croisent, chercher les liens… J’espère que tu arriveras à la « choper » et qu’il te plaira!

      Répondre
  2. Mina

    C’est intéressant, ce lien des ruptures que tu as décelé parmi toutes les histoires. Comme tu le sais, bien peu me sont restées, surtout celle de Marie et Ariel, ainsi que le dénouement du train ; des scènes marquantes pour moi.

    Répondre
  3. yueyin

    J’ai eu un immense coup de coeur pour ce roman et pour le précedent de L’auteur… j’adore cette écriture poétiquettes couplée à la rigueur d’une construction qui ne perd jamais son lecteur malgré son morcellement dans l’espace et le temps 🙂 et ces personnages… Et tout quoi 🙂

    Répondre
    1. Laeti Auteur de l’article

      Je n’irais pas jusqu’au coup de coeur car j’aurais beaucoup apprécié qu’elle pousse plus loin les liens entre les histoires et les personnages, même si ce qu’elle a fait est très réussi. J’ai aimé le mélange entre violence et poésie dans son style. J’en lirai d’autres de l’auteure!

      Répondre

Laisser un commentaire