Merci, merci, merci Yvon Roy! Grâce à cette petite pépite, vous m’avez sortie d’un état proche de la déprime qui me touchait pratiquement depuis l’éprouvante lecture du dernier Joyce Maynard (on en reparle plus tard). Mais comment ai-je fait pour passer autant de temps sans lire une BD en plus! Allez hop, me revoilà en selle pour le rendez-vous du mercredi!
Marc et Chloé filent le parfait amour depuis quelques temps. Tout semble en équilibre dans leur vie, alors ils se lancent dans le projet d’agrandir leur famille. Olivier naît peu après, pour leur plus grand bonheur! Surtout celui de Marc, qui, inconsciemment, se projette énormément à travers son fils. Mais alors que leur bébé fête ses 18 mois, les jeunes parents se rendent compte que quelque chose cloche. Leur petit n’évolue pas comme la « normale », il ne parle pas du tout, semble « ailleurs ». Après des examens, la réponse à leurs questionnements tombe : Olivier est autiste.
A partir de ce jour, Marc et Chloé vont devoir apprendre à revoir tout le système d’éducation qu’ils avaient imaginé pour leur enfant. C’est leur quotidien qui est chamboulé avec cette nouvelle. D’ailleurs, leur couple ne résistera malheureusement pas à cette épreuve. Néanmoins, ils feront tous deux preuve d’une incroyable complicité et tenteront de rester unis quoi qu’il arrive, pour le bien-être du petit Olivier.
« Les petites victoires », c’est avant tout un grand message d’amour d’un père envers son garçon. Après avoir fait le « deuil » de la famille qu’il s’était imaginé, Marc accompagnera Olivier dans chacune des grandes étapes de son évolution et de sa vie, en laissant de côté sa vie personnelle et professionnelle. Ce qui est incroyable dans ce témoignage, c’est le courage de ce papa qui se sent parfois pris au dépourvu, mais qui ne baisse jamais les bras. Il croit en les capacités de son fils et veut lui donner toutes les cartes en main pour lui permettre de progresser. Et surtout, il suit son instinct de papa, en faisant fi des recommandations des professionnels. Les progrès d’Olivier sont spectaculaires et leur relation est d’autant plus soudée et complice.
C’est une histoire très touchante. Yvon Roy parle évidement de son cas personnel, mais à choisi de mettre de la distance entre les personnages et son propre vécu, en les nommant autrement, par exemple. Véritable leçon de vie et de persévérance, l’auteur démontre avant tout que rien ne vaut les intuitions d’un papa et d’une maman.
De plus, il a réussi un équilibre parfait selon moi entre un style graphique assez simple mais proche de la réalité, avec un trait fin, et un texte sans fioritures, qui raconte justement et tout en retenue les émotions qui viennent droit du cœur.
Le lien avec l’album de Fabien Toulmé qui a aussi fait part de son expérience avec sa petite fille trisomique dans « Ce n’est pas toi que j’attendais » est évident dès les premières pages, mais j’avoue avoir préféré la retenue et la sensibilité de ces « petites victoires ».
Yvon Roy offre finalement un message universel, sur la plus belle des relations, celle entre un parent et son enfant. Surtout, il met le doigt sur l’importance de les soutenir en dehors des chemins balisés. Enfin, il aborde tout en finesse la différence d’un enfant autiste, parfois de façon imagée. Une très belle lecture avec beaucoup de moments riches en émotions et qui donne la « gnak ».
Yvon Roy, « Les petites victoires », Éditions Rue de Sèvres, 2017, 150 pages
Je fais ma rentrée au rendez-vous de la BD, cette semaine chez Stephie