« Le vase où meurt cette verveine » de Frédérique Martin

Alors que Frédérique Martin vient de publier son dernier roman « Sauf quand on les aime », c’est avec le très complimenté « Le vase où meurt cette verveine » que j’ai décidé de découvrir sont style puissant. Ce livre est un coup de poing, qui m’a pris aux tripes, et qui est impossible de lâcher.

Comment réagir lorsque vous êtes contraints et forcés de vous séparer de l’être aimé, chose qui n’est jamais arrivée en 55 ans de mariage? Joseph et Zika sont des époux fusionnels, éperdument amoureux, qui ont vécu presque reclus dans ce havre de paix, de fleurs et d’odeurs sucrées qu’était leur maison. « Etait », car en plus de devoir affronter la terrible distance qui les sépare dorénavant, ils ont dû remettre leur maison à son propriétaire. Alors que Zika doit se faire soigner à Paris pour des problèmes de cœur et s’installer chez leur fille Isabelle, Joseph dépose sa valise chez leur fils, sa femme et leurs deux enfants, à Montfort. L’appartement parisien est trop petit pour pouvoir les accueillir tous les deux, leur prétexte-t-on.photo 1(3)

Pour passer outre cette distance forcée, commence alors une correspondance à travers laquelle les époux se racontent leurs journées respectives et se remémorent les souvenirs du passé, aux mot doux, avec des gestes tendres et cette passion dévorante. A mesure que les semaines défilent, le doute sur leurs retrouvailles commence cependant à s’installer. Tous deux se sentent piégés, emprisonnés même. Mais qu’ont décidé leurs enfants?

Peu à peu les secrets et zones d’ombre qu’enferment leur progéniture ébranleront le couple, jusqu’à l’extrême.

Si on m’avait dit que j’allais reprendre du service sur le tard! […] Et voilà qu’ils entrent en crise comme d’autres en religion, au moment précis où nous avons besoin d’eux. Peut-être que dans cette période où les rôles s’inversent, ils éprouvent le besoin de retrouver leurs parents tels qu’ils les ont toujours connus?  » (p.69)

Ce qui me frappe tout d’abord est ce talent qu’a Frédérique Martin de permettre au lecteur d’intégrer si parfaitement ses personnages: les lettres de Joseph nous donne l’image d’un mari des plus attentionnés, loyal et romantique. Les mots de Zika reflètent quant à eux l’impulsivité féminine, avec une pointe de jalousie, et un dévouement aveugle pour son mari. Deux personnalités bien distinctes, avec une écriture propre à eux, mis en scène par la plume délicate de Frédérique Martin.

Par ailleurs, l’auteure écrit sur son site « n’avoir qu’une obsession  l’Homme. Sa grandeur, sa démesure, son impuissance, sa cruauté, sa bêtise, sa peur constitutive de vivre, son audace, son courage, sa tendresse parfois et son acharnement à aimer, malgré tout. »

C’est précieusement sa grande maîtrise d’aborder sous un jour sombre, parfois dur, la complexité des relations humaines, mari/femme, parents/enfants, qu’elle met en avant dans ce roman. C’est un tourbillon d’émotions qui m’a complètement soufflée, après quelques premières pages calmes et douces, la réalité tombe comme un couperet.

Une histoire qui vous donne envie de crier, pour faire sortir l’explosion des sentiments qui vous saute au visage. Un grand moment que tout lecteur doit vivre. Et une rencontre que je garde forcément en mémoire, dans la case « Grandes révélations ». Une nouvelle fan est née 🙂

Frédérique Martin, « Le vase où meurt cette verveine », Editions Belfond, 2012, 221 pages.

Sortie en poche le 4 septembre 2014 chez Pocket.

17 réflexions au sujet de « « Le vase où meurt cette verveine » de Frédérique Martin »

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  3. Mina

    Tu m’as non seulement convaincue, mais tu as en plus suscité ma curiosité avec ce mystère, j’ai envie de le lire très vite maintenant ! Juste une petite question : c’est un roman exclusivement épistolaire ? (c’était la première chose à me dire, j’aurais été convaincue à ce seul adjectif ;))

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    1. Laeti Auteur de l’article

      Ce ne sont que des échanges de lettres entre Joseph et Zika,oui. Raffinées, remplies de tendresse et d’espoir. J’espère que tu auras l’occasion de le lire prochainement et de succomber à leur histoire 🙂

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  4. sous les galets

    Alors dis donc, c’est incroyable cette unanimité…le sujet me plaît beaucoup, car j’aime les histoires de vieux couples, je le note bien sûr, on ne peut rester insensible à de tels billets, d’autant que son dernier est très bien accueillis par les blogueurs….

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    1. Laeti Auteur de l’article

      D’une part, l’écriture de Frédérique Martin est percutante, et sincèrement elle est à découvrir. D’autre part, l’histoire est tendre et forte à la fois! Je me rappelle avec ton commentaire sur « Une journée avec Monsieur Jules » de ton affinité pour les personnes âgées, et l’histoire de ce couple qui se retrouve, non seulement ébranlés par l’éloignement, mais aussi par le comportement de leurs enfants, est tellement réussie. Convaincue maintenant?? bises 😉

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