Je l’avoue : j’ai emprunté cette BD pour pouvoir découvrir l’histoire de Pierre Lemaitre, au lieu de me lancer dans le pavé! Cela fait trop longtemps que « Au revoir là-haut » me tente et tomber sur cette autre version représentait une aubaine.
C’est donc chose faite! Le « hic » : la BD est tellement grandiose que j’ai encore plus envie de lire le roman!!
Brièvement, l’histoire est celle de l’amitié entre deux hommes. Albert Maillard et Edouard Péricourt, deux combattants français de la 1ère guerre mondiale. Et malheureusement, c’est la veille de l’armistice que l’effroyable se produit : Albert est enseveli dans un mont de terre, de déchets et de restes humains. Il est sauvé de justesse par son fidèle Edouard. Le malheureux sera par contre défiguré par des projectiles d’obus venu s’abattre juste à côté de lui. Mais ce qu’il vient de se passer n’est pas le fruit du hasard ni un accident. Elle fait suite à l’odieuse trahison de leur supérieur Aulnay-Pradelle, pris en flagrant délit de meurtre au sein de sa propre troupe.
Les deux hommes tentent alors de se reconstruire, et restent inséparables, accompagnés de la jeune et douce Louise. Quand la vie reprend son cours, après la guerre, ils se sentent plus que jamais trahis, isolés, mal considérés. C’est alors que l’occasion de tirer leur vengeance leur apparaît soudain comme une évidence. Ils imaginent mettre sur pied une véritable escroquerie qui touchera ceux qui les ont laissés de côté, comme des moins que rien.
Parfois, souvent, les lecteurs qui ont vraiment adoré un roman, ont peur de voir les traits des personnages qui les ont fait autant vibrer. Parfois, les images, les dessins ne se révèlent pas à la hauteur de cet imaginaire personnel qui a pris naissance dans la tête du lecteur.
D’autres fois, ces dessins portent le personnage imaginaire, lui donnent une autre dimension, plus forte, plus… humaine. Ce n’est plus juste un sentiment, une représentation floue, un voile. Ils leur donnent vie. Alors même si je n’ai pas lu le roman de Pierre Lemaitre, qui me semble absolument fabuleux après la découverte de cet album, je trouve que le talent de Christan De Metter a permis d’arriver à ce résultat. Donner vie aux personnages imaginés par le romancier. Il s’agit d’un travail tout simplement bluffant. On sent que le portraitiste a marché sur des oeufs, qu’il ne voulait commettre aucune approximation dans les visages qu’il offrait à Albert et à Edouard.
Christian De Metter a traduit à merveille à la fois la part sombre de ce roman, avec le détestable Pradelle. Et son côté lumineux, qui rend espoir, grâce aux planches consacrées à Péricourt, ses masques, sa complicité presque enfantine avec la jolie Louise. On lit la bienveillance, l’amitié, l’humanité, dans les yeux de Maillard. Ce sont des visages précis à l’extrême, qui vous hypnotisent.
Autre challenge dans pareille entreprise : résumer un roman de près de 600 pages en un album sans rien dénaturer et en conservant les émotions qui prennent naissance à partir des détails. Une nouvelle fois, l’exercice est salutaire.
C’est une économie de textes, contrairement au pavé de la version initiale et des dessins qui se suffisent à eux-mêmes. Les personnages en disent tellement long. Ce sont des regards époustouflants, remplis d’émotions. Prenez le temps de vous poser sur ces regards qui vous laisseront sans voix! Une merveille!
Une BD qui se lit en apnée totale, d’une seule traite. Une fois terminée, on a déjà envie de s’y replonger. Un album qui traduit un grand respect du dessinateur envers le romancier, et son travail. Ces deux objets, le roman et l’album, se complètent à merveille et semblent à présent indissociables.
Cette semaine chez Mo’!
Pierre Lemaitre et Chistian De Metter, « Au revoir là-haut », Editions Rue de Sèvres, 2016, 168 pages
J’ai trouvé cette BD en-dessous du roman. Il y manque l’humour, le ton pince-sans-rire qui fait une grande partie du sel du roman : lis-le !
C’est bon à savoir! Effectivement, la BD m’a déjà semblé condensée par rapport au roman, que je n’ai pourtant pas lu!
Tu me tentes énormément !! Je n’ai pas lu le roman et je n’ai toujours pas acheté cet album mais à force de lire des chroniques, je vais finir par y venir. Merci pour ton avis !
(et je reviens vers toi plus tard dans la journée pour t’expliquer la BD de la semaine 😉 )
Il vaut le détour, pour ces fabuleux portraits!
Comme toi je n’ai pas lu le roman avant cette adaptation mais je compte bien me rattraper !!
Je pense sincèrement que les deux se complètent, mais quand on n’a pas le temps de se lancer dans un pavé… 🙂
Adoré cet album, que je n’ai pas pris le temps de chroniquer… Très fort en émotions et le dessin de De Metter est impeccable comme toujours ! Un grand album !
Je ne connaissais pas le travail de Christian De Metter mais j’avoue qu’il frappe fort avec cet album.
Ses adaptations de « Shutter Island » ou de « Scarface » sont pas mal du tout, tout comme ses albums où il est seul : « Marylin » ou « Rouge comme la neige »… A essayer, vraiment.
Elle y passera ! E puis finalement je me dis que je la lirai bien avant le roman pour ne pas être trop déçue par le manque de détail.
Oui voilà, parce que clairement, elle doit être beaucoup plus condensée (on passe quand même de 600 pages à 168!). Elle apporte une autre vision de l’histoire.
Superbe BD !
On est bien d’accord 🙂
J’ai le « pavé » qui m’attend et veut le lire avant la BD, même s’il y a peut-être un risque de déception (d’après le comm’ de Sandrine).
Quand on sait à quoi s’attendre, on diminue le risque de déceptions, à toi de voir 😉 Je ne suis pas mécontente d’avoir lu en premier la BD finalement!
grand grand souvenir pour moi! je n’ai toujours pas lu le roman, mais j’y viendrai!
Oui, ça donne trop envie!! Les 600 pages, difficile d’y échapper ^^
La BD a l’air très belle! Mais il faudrait d’abord que je lise le roman 🙂
Tu crois? J’ai fait le contraire 😉
Ouai y’a pas de règles 😉 mais moi j’aime bien lire toujours l’oeuvre source avant :p
Celui-là, je vais commencer par le lire en roman… et après, je lirai la BD! Je suis légèrement psychorigide avec ce genre de choses!
Haha, je comprends bien 😉 Chacun ses lubies!
Tu croyais pouvoir faire l’impasse sur le roman… te voilà prise au piège !
Pour ma part, je n’ai encore lu ni l’un ni l’autre. Il faudra bien que je lui – leur ? – trouve un moment 😉
Ouii comme tu dis ^^ Mais au moins, je suis presque sûre de ne pas être déçue! Avec un pavé de plus de 600 pages, autant être certaine!!
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